Inscription ouverte à tous, partout en France

Piétons : en hiver, redoublez d’attention

Les piétons partagent l’espace public avec les autres usagers et les véhicules. Cette cohabitation aboutit chaque année à un nombre d’accidents qui pourrait être réduit.

4 minutes

PHYSIONOMIE DE L’ACCIDENTOLOGIE PIÉTONNE

En 2017, ce sont 519 piétons qui ont été tués en France – dont 484 dans l’Hexagone -, pour plus de 11 000 blessés. Au-delà de ces chiffres, des tendances se dessinent : les deux tiers des tués le sont en agglomération et pour ce qui concerne les individus touchés, les 65 ans et plus représentent à eux seuls plus de 50 % des décès. Également, comme les années précédentes, la proportion de tués a été plus particulièrement élevée pendant les mois de novembre, décembre et janvier, avec plus d’un tiers pour cette seule période. La vulnérabilité des piétons est en effet aggravée à cette époque de l’année pour cause d’augmentation du temps d’obscurité, notamment aux heures de pointe ; phénomène accentué par la perte soudaine d’une heure de clarté le soir au moment du passage à l’heure d’hiver.

DES MESURES DE PROTECTION NOUVELLES

Un certain nombre de mesures, d’application récente ou à venir, pourraient permettre une réduction de cette accidentologie. Plus d’un quart des piétons tués en 2017 se trouvaient sur des passages piétons. Cette circonstance peut déjà expliquer la décision entrée en vigueur en septembre dernier d’augmenter de quatre à six – soit la totalité d’un nouveau permis – le nombre de points perdus suite au refus de priorité à un piéton engagé ou manifestant clairement son intention de traverser (sur un passage clouté ou hors d’un passage si celui-ci est à plus de 50 m) ou circulant dans une aire piétonne ou une zone de rencontre. L’infraction fait par ailleurs partie de celles pouvant être relevées par vidéosurveillance.

Toujours concernant la sécurisation des passages piéton, sont à l’étude également de possibles modifications de leurs abords, qui permettraient qu’ils soient davantage respectés par les usagers motorisés et les cyclistes.

Des modifications qui pourraient inclure par exemple la mise en place de lignes d’effet marquant l’endroit où il convient de stopper son véhicule pour laisser passer les piétons. Certaines communes expérimentent déjà pour provoquer chez les automobilistes un réflexe de ralentissement, l’installation de passages piéton 3D en illusion d’optique ou de petites structures installées près de la chaussée et représentant des piétons prêts à traverser.

Envisagé, entre autres, par la Commission européenne pour une variété de motifs, l’abandon du principe de changement d’heure aurait cet impact bénéfique de mettre un terme à la modification brusque de la visibilité pour une même heure de la journée. Car, au-delà du niveau intrinsèque de luminosité, cette soudaineté dans le changement de ce paramètre occasionne dans les semaines qui suivent un “pic” d’accidents impliquant des piétons.

LE RÔLE DES USAGERS

Mais les dispositions prises par les autorités ne peuvent évidemment pas solutionner à elles seules les questions d’accidentologie. Comme toujours en matière de sécurité routière, le comportement des usagers est déterminant. En l’occurrence, conducteurs de véhicules comme piétons doivent prendre conscience de ce peu de visibilité. Par exemple, du fait qu’en zone pas ou peu éclairée, un piéton ne devient visible que lorsqu’il se trouve à une trentaine de mètres du véhicule, ce qui, pour peu que les conditions ne soient pas optimales, n’est pas suffisant à un véhicule roulant à 50 km/h pour s’arrêter. Les conducteurs se doivent donc de redoubler de vigilance et les piétons de ne pas considérer systématiquement qu’ils ont été vus par un véhicule en approche. Également, bien que la traversée sur passage piéton ne soit obligatoire que lorsque l’un d’eux se trouve à moins de cinquante mètres, il est préférable de nuit, d’accepter de faire quelques mètres supplémentaires pour s’octroyer cette sécurité, même si l’on n’y est pas théoriquement obligé. La pose de bandes réfléchissantes, notamment sur les sacs et cartables ou encore sur les poussettes, permet encore d’être vu beaucoup plus tôt. Lorsqu’on est forcé de quitter son véhicule en zone non éclairée, le plus souvent suite à un problème survenu hors agglomération, il convient de marcher du côté gauche de la chaussée lorsqu’il n’existe pas de trottoir et d’enfiler impérativement son gilet jaune réfléchissant, obligation de sécurité autant que réglementaire pour quiconque quitte son véhicule – deux et trois roues motorisés compris – abandonné sur la chaussée ou ses abords suite à un arrêt d’urgence.

ET DEMAIN ?

Après une baisse significative au cours de la décennie 2000, le nombre de piétons tués stagne depuis plusieurs années, malgré des fluctuations. En plus des améliorations déjà évoquées, il ne serait pas surprenant au regard de l’évolution des comportements qu’une prochaine mesure consiste, pour faire à nouveau baisser les chiffres, à suivre l’exemple de certaines villes étrangères en sanctionnant l’usage du téléphone portable par les piétons lorsqu’ils traversent la chaussée. La création d’une nouvelle interdiction et la sanction qui l’accompagne sont rarement bien accueillies. Cependant les piétons sont comme les conducteurs de véhicules, des usagers de l’espace public, et doivent à ce titre ajuster leur comportement lorsque la sécurité de chacun l’exige.

Pour aller plus loin :

www.lachetontel.eu

© Vbaleha – Adobestock

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Nos dossiers

Découvrir tous nos dossiers sur la mobilité d’aujourd’hui et de demain