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Le portable : “insupportable” et dangereux au volant

14 ans après la 1ère interdiction en France de tenir un portable en conduisant, son usage au volant est aujourd’hui la 4è cause d’accident de la route et est responsable d’1 accident corporel sur 10.

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Pour quelques mois encore, vous risquez un retrait de 3 points et une amende de 135 € si vous êtes pris en flagrant délit, mais d’après les annonces gouvernementales du 9 janvier, à partir de 2019, un préfet sera autorisé à suspendre le permis de conduire d’une personne qui aura commis une infraction menaçant la sécurité d’autrui en téléphonant. L’oubli d’un clignotant avant de tourner s’il se double du téléphone portable en main suffira, et il y aura des circonstances aggravantes si on vous surprend à proximité d’un passage piéton ou d’une école.

UN FRANÇAIS SUR DEUX UTILISERAIT SON TÉLÉPHONE EN CONDUISANT

Rappelons tout d’abord ce qui est interdit. Depuis le 1er juillet 2015, le Code de la route proscrit également le port d’une oreillette Bluetooth ou filaire, en plus de tenir son portable en conduisant, que l’on soit en voiture à deux-roues motorisés ou à vélo. En clair, on ne doit rien introduire dans ses oreilles. L’interdiction, pour être tout à fait précis, concerne “tout dispositif susceptible d’émettre un son, à l’exception des appareils électroniques correcteurs de surdité”. La législation tolère la conversation téléphonique en conduisant lorsque le véhicule bénéficie d’un système intégré le dispensant de l’utilisation du téléphone ou de l’oreillette, et un motard peut utiliser librement un dispositif intégré au casque. Néanmoins, il faut être conscient qu’une conversation dans cette situation, pourtant autorisée et légale, diminue de façon sensible votre attention à la conduite.

Et ne parlons pas de la lecture d’un message qui détourne évidemment le regard de la route.

À ce propos, sachez qu’il est interdit de conduire avec un appareil dans le champ de vision, tel qu’un écran d’ordinateur, une tablette ou un téléphone si celui-ci n’est pas un GPS, une aide à la navigation ou à la conduite. Depuis janvier 2012, cette infraction est punie par une contravention de 5e classe, avec une amende maximale de 1 500 € pouvant aller jusqu’à 3 000 € en cas de récidive, une perte de 3 points sur son permis ainsi qu’une saisie de l’appareil.

TÉLÉPHONE AU VOLANT : DES CHIFFRES SANS APPEL

D’après une étude de l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) et de la MAIF réalisée en 2017, 39 % des conducteurs reçoivent et passent des appels, 30 % écrivent ou lisent des SMS, 13 % lisent ou répondent à leurs e-mails et près de 30 % utilisent leur smartphone comme GPS (contre 22 % en 2016). Les réseaux sociaux sont également de plus en plus présents au volant : 9 % des conducteurs les consultent ou publient des posts en roulant et parmi eux, les 18-25 ans sont près de 20 % à les utiliser occasionnellement ou fréquemment. 17 % des conducteurs reçoivent des messages comportant texte et image ou vidéo, 8 % en envoient. L’étude montre également, fort logiquement, que plus les kilomètres augmentent (au-delà de 35 000 km parcourus/an), plus les conducteurs utilisent leur smartphone : les professionnels sont près de 60 % à s’en servir quotidiennement mais 79 % à effectuer leurs conversations et messages en mains libres. Mieux équipés que les particuliers, ils utilisent davantage leurs kits Bluetooth ou les commandes vocales de leur téléphone : les messages sont plus souvent écoutés et dictés que lus et écrits.

Une autre enquête* démontre que notre niveau d’attention lorsque l’on téléphone au volant est en moyenne inférieur de 30 %. Par ailleurs, le téléphone au volant ralentit les actions et, même si on conduit moins rapidement, on a tendance à passer plus de temps sur la voie de dépassement et surtout à allonger nos distances de freinage de 33 %. Sur une autoroute cela correspond à près de 100 m à 130 km/h ! Le champ visuel d’un automobiliste au téléphone est réduit de 50 % même avec un kit mains-libres. C’est bien la conversation au téléphone qui distrait le conducteur.

UNE SOLUTION : LA VOITURE AUTONOME ?

VISUEL WEB Téléphone au volant lengagement de lACA

Tous les médias en parlent, les reportages futuristes nous montrent des véhicules totalement automatisés qui nous permettront de nous déplacer sans prendre le volant, un objet de conduite qui n’existera peut être même plus d’ailleurs dans l’habitacle. Dans ces conditions, nous aurons tous des voitures particulières avec chauffeur robotisé et il sera possible de passer tout le temps du trajet les yeux fixés sur un écran, pour téléphoner en facetime, regarder un film ou une vidéo professionnelle, rédiger un rapport, envoyer des mails ou des sms. Alors, bien sûr, le temps passé dans les bouchons ne sera peut-être plus du temps perdu, mais notre esprit laissera sur le bord de la route une partie de sa curiosité et de son imagination, on perdra beaucoup en tant que passager en ne profitant plus de ces instants de rêveries régénérateurs le nez collé à la fenêtre à simplement regarder défiler un paysage urbain ou campagnard. En attendant, même si certaines avancées technologiques dans le domaine des aides à la conduite sont d’un apport considérable pour la sécurité, elles ne permettent pas encore de quitter la route du regard ou de lâcher le volant pour téléphoner. Alors, pas de conversation téléphonique au volant et sans système d’appel mains libres.

* Enquête réalisée en 2014 par le Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg (Ci2N) pour la Fondation VINCI Autoroutes auprès de 3 500 conducteurs, pour partie sur le réseau autoroutier en conditions réelles et pour partie sur simulateur en laboratoire.
© Dusanpetkovic1 – AdobeStock

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