Depuis 2009, Tesla est sans doute l’un des constructeurs qui fait le plus parler de lui. À cette époque, c’est avec un roadster 100 % électrique qu’il s’était fait connaître.
Particularité de ce roadster, il accélérait aussi fort que certaines Ferrari tout en offrant une autonomie pouvant aller jusqu’à 400 km. Par la suite, Tesla a lancé une berline nommée Model S. Cette berline, assez vaste, a fait un véritable carton dans le monde. Et rien qu’en Europe, les ventes de la Model S ont dépassé celles des BMW Série 7, Audi A8 et Mercedes Classe S. L’entrée de gamme se vend autour des 80 000 €, mais en allant chercher des motorisations puissantes, dont certaines équivalent 700 ch, on dépasse facilement les 150 000 € en ajoutant quelques options et on dépasse également toutes les Porsche et Ferrari du marché à la moindre accélération au départ arrêté. Le très charismatique PDG de Tesla, Elon Musk, multiplie les effets d’annonce aussi bien avec le futur Model 3 (berline plus petite, vendue 33 200 € seulement). Résultat, plus de 350 000 personnes dans le monde ont versé 1 000 dollars pour précommander le Model 3. Seul bémol, l’usine, qui doit produire dans le Nevada 1/2 million de voitures par an, n’est pas encore terminée (une 2e usine doit être implantée en Europe, les discussions sont toujours en cour). Elon Musk a aussi lancé d’autres entités comme SpaceX (futur concurrent d’Ariane), mais aussi Solar City (fabriquant de panneaux solaires).
UN SUV UNIQUE AU MONDE
Pour l’heure, c’est au Model X d’entrer en scène. Arrivé il y a quelques semaines seulement dans l’Hexagone, ce SUV mesure un peu plus de 5 mètres de longueur pour plus de 2 mètres de largeur. Des cotes très américaines pour cet engin qui partage sa plateforme avec la berline Model S. Visuellement, le Model X en impose c’est vrai, mais il est aussi le SUV le plus discret du marché.
En fait, son style se révèle très minimaliste pour son dessin. On pense à la berline Model S certes, mais le Model X est un peu surélevé et présente une carrosserie encore plus fluide dont une face avant en bec de canard (qui risque de ne pas plaire au plus grand nombre). Une carrosserie fade, c’est en quelques sortes le prix à payer pour obtenir le coefficient de pénétration dans l’air le plus bas du marché des SUV (Cx de 0,24).
PORTES FALCON
Là où le Model X devient une voiture spectaculaire, c’est quand on décide d’ouvrir les portes arrière.
Nommées Falcon, ces deux portes s’ouvrent électriquement en papillon. Si l’idée peut faire sourire, elle a un sens. Une fois ouvertes, les portes permettent un accès très facile aux places arrière et à la 3e rangée de sièges. On appuie sur un simple bouton pour que le siège conducteur et le siège de la 2e rangée coulissent électriquement pour libérer de l’espace pour monter à bord. Une fois installé sur la 3e rangée de sièges, le volume reste tout à fait correct et n’a rien à envier à ce que peut offrir un Audi Q7. Sauf peut-être pour un détail. Le fait de ne pas pouvoir gérer électriquement la remontée des sièges de la 3e rangée lorsque l’on est devant le coffre.
INTÉRIEUR IRRÉPROCHABLE
En s’installant aux places avant, on découvre un univers très bien présenté. La planche de bord affiche un dessin minimaliste mais les matériaux sont de tout premier ordre. Les cuirs, l’aluminium et les boiseries sont très présents et l’assemblage est tout simplement parfait. En fait, cet intérieur peut rivaliser sans problème avec ce que l’on trouve chez BMW, Audi ou Mercedes. Ce qui interpelle le plus, c’est l’écran vertical de 17 pouces. Plus vaste que la plupart des ordinateurs portables que l’on peut croiser habituellement, cet écran haute définition permet de gérer presque tout à bord sauf 2 choses : l’ouverture de la boîte à gants et les feux de détresse, en fait les deux seuls boutons présents sur la planche de bord. Rapide, simple d’utilisation, cet écran permet effectivement de contrôler aussi bien la climatisation, le système audio, le téléphone, le GPS, mais aussi de surveiller la consommation en électricité, gérer l’ouverture des portes ou encore le mouvement des sièges. En fait, on se rend tout de suite compte que Tesla n’est pas un constructeur automobile traditionnel. Il ne conçoit pas ses voitures comme les autres. L’absence quasi totale de boutons en est l’une des preuves mais aussi des détails très pratiques comme la fermeture automatique de la porte du conducteur dès que ce dernier appuie sur la pédale de frein au moment de démarrer.
TRÈS MANIABLE
Démarrer, c’est, là encore, une idée que l’on a dans une voiture traditionnelle. Dans la Tesla Model X, il n’y a pas de démarreur, pas de clé, pas de bouton pour cela. On enclenche le mode Drive de la boîte automatique (au passage, Tesla a récupéré toutes les commandes de rétroviseurs, de vitres, de clignotants, d’essuie-glaces et la boîte de vitesse chez Mercedes).
En zone urbaine, malgré ses 5,02 mètres, notre engin reste très maniable et parvient facilement à se garer grâce à ses multiples caméras. En décidant d’aller faire un tour hors de la ville, nous n’avions que 250 km d’autonomie pour en effectuer 150. Un certain confort dirons-nous, même si la température ambiante de 4 degrés et l’autoroute fait plus consommer nos batteries. En roulant raisonnablement à 120 km/h, nous avons effectué un Paris/Auxerre. À l’arrivée devant le Superchargeur, il ne nous restait plus que 7 % de batterie pour 28 km d’autonomie. C’est là le principal défaut d’une Tesla ou de toute autre voiture électrique : derrière la cacophonie de l’anti diesel et de l’anti moteur thermique, la France est aujourd’hui incapable de proposer un réseau de chargeurs suffisamment dense.
1H 20 POUR RECHARGER, MAIS…
Mais revenons à notre Superchargeur Tesla. Le constructeur a implanté ce type de chargeur près des gros axes routiers : seul bémol, il n’y en a que 3 en région parisienne, 2 dans toute l’Alsace, et 2 en Moselle. Notez qu’avec un Superchargeur, notre Model X se recharge complètement en 1h 20. Il lui faut environ 5 heures sur une borne de type Autolib’ à Paris (Bluely à Lyon, mais le système fonctionne par abonnement et ne permet pas vraiment à une voiture de plus de 5 mètres de se garer) et plus de 24 heures sur une prise standard. Concrètement, sans chargeur puissant dans votre parking, inutile d’espérer de rester serein. Tesla annonce toutefois que grâce à son réseau existant, il est possible de traverser la France. C’est le cas, mais en faisant des pause régulières pour recharger. Une fois notre Tesla Model X rechargée, nous avons pu nous faire plaisir sur des petites routes de Bourgogne. Malgré ses 2,4 tonnes, notre engin se révèle très agile sur petites routes et sa direction offre ce qu’il faut de précision. En sortant des sentiers battus, la suspension pneumatique permet de faire varier la garde au sol pour atteindre une hauteur suffisamment confortable pour emprunter tous types de chemins. Entraîné par deux moteurs électriques, le Model X bénéficie de 4 roues motrices permanentes. Un 4×4 qui n’émet pas de CO2, c’est assez rare ! Doté d’une puissance équivalente à 422 ch pour un couple de 600 Nm, notre version intermédiaire offre déjà suffisamment de reprises et une autonomie de 350 km environ (annoncée à 489 km). Côté tarif, comptez faire un chèque d’un peu moins de 110 000 € pour notre version 6 places. Tesla annonce une économie en carburant et en taxes de 11 000 € sur 5 ans. C’est justement la somme qui sépare notre Model X de concurrents 7 places hybrides comme l’Audi Q7 ou le Volvo XC90 T8. Alors oui, ce Tesla X mérite largement que l’on s’y attarde, mais compte-tenu des possibilités actuelles de recharge, c’est un peu comme si on imaginait se servir d’un iPhone dans les années 80…
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