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Radars : automobilistes, levez le pied !

2017 marquera un nouveau tournant dans la lutte contre la vitesse au volant. Les recettes de l’État pourraient ainsi bondir de 25 %. Attention, ça va flasher !

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Dans son projet de loi des finances, Bercy a tablé sur une augmentation de 25 % de ses recettes forfaitaires issues des contrôles automatiques par rapport à 2016.

Les recettes pourraient atteindre le niveau record de 844 millions d’euros d’amendes, contre 672,3 millions d’euros en 2016. Si on ajoute à ce prévisionnel les amendes majorées, elles pourraient grimper jusqu’à 991 millions d’euros !

OBJECTIF NUMÉRO 1 : LUTTER CONTRE LA MORTALITÉ SUR LES ROUTES

Objectif officiel du gouvernement : lutter contre l’insécurité routière. Après douze années de baisse, les chiffres de la mortalité routière ne cessent d’augmenter depuis 2014 : plus 3,5 % en 2014 avec 3 384 personnes tuées sur les routes de France, et encore davantage en 2015 avec 3 461 automobilistes, motards ou passagers morts sur les routes… En augmentant les contrôles, le gouvernement espère mettre un coup d’arrêt à cette spirale infernale en s’appuyant sur des chiffres plus qu’encourageants, soit 66 % de morts en moins à proximité des radars automatiques depuis leur installation en 2002, héritage du président Jacques Chirac. À la Sécurité Routière, on rappelle ainsi que la baisse de la mortalité suit la baisse de la vitesse…

LES AUTOMOBILISTES CRAIGNENT LES CONTRÔLES PAR DES SOCIÉTÉSPRIVÉES

S’ils ne contestent pas ces faits, une nouvelle mesure, qui sera mise en place dès le premier trimestre 2017, fait grincer les dents des automobilistes : la privatisation des radars embarqués.

Au printemps dernier, 83 % des Français sondés se sont dits opposés à cette nouvelle donne. Personne ne sera épargné par ce système : ces véhicules capables de flasher dans les deux sens de circulation fonctionneront à longueur de journée. La réponse du Délégué Interministériel à la Sécurité Routière dans les colonnes du Parisien aux détracteurs du système : “La rétribution des prestataires agréés ne dépendra pas du nombre d’amendes.” En résumé, ils ne seront pas payés au nombred’amendes, assure-t-on au gouvernement. En faisant appel à des sociétés privées, l’État avance plusieurs arguments. Premièrement, cela permettra aux forces de l’ordre de se consacrer à d’autres missions. Deuxièmement, cela permettra de rentabiliser les 319 véhicules embarqués déjà en activité mais pas plus d’une heure par jour. Reste que cela va augmenter de fait les contraventions sur les routes… Et les contrôles ne s’arrêteront pas là !

RADARS LEURRES, RADARS MULTI-INFRACTIONS, RADAR MOBILE DE POCHE…

En 2017, il est également prévu de faire passer le parc des radars automatiques de 4 450 à 4 600 avec un objectif de 4 700 en 2018. Les radars nouvelle génération sont aussi plus intelligents, capables de détecter plusieurs infractions : la vitesse, mais aussi le port de la ceinture, l’utilisation du téléphone portable au volant et le non port de casque. Un relevé d’infractions permis par la Loi de modernisation de la justice du 21e siècle élargissant la vidéo-verbalisation automatique. D’autres radars, testés depuis quelques mois dans différentes régions françaises, vont être déployés : les radars discriminants (qui permettent de distinguer la vitesse des véhicules légers de celle des poids lourds en double-sens), des radars autonomes dans les zones de chantier extrêmement accidentogènes. Le gouvernement compte aussi installer, d’ici à 2019, 5 000 emplacements de contrôles par panneaux leurres. Déjà testés cette année sur une centaine d’itinéraires classés dangereux, ces panneaux avertissent de contrôles radars “fréquents”. En revanche, impossible pour l’automobiliste de savoir où est installé le radar qui est déplacé sur 10 points de contrôles sur l’itinéraire… Dernière avancée technologique annoncée tout récemment : la mise à disposition des gendarmes d’un nouveau radar, le “True Speed”, un radar de poche laser équipé d’une lunette grossissante permettant ainsi aux forces de l’ordre d’identifier d’autres infractions comme le manquement au port de la ceinture ou l’utilisation du téléphone au volant. Testés dans le Loir et Cher, ces équipements, s’ils s’avèrent efficients, s’ajouteront aux 5 000 appareils dont disposent les gendarmes actuellement.

PASSER SOUS LA BARRE DES 2 000 MORTS SUR LES ROUTES…

Si toutes ces mesures sont mises en place pour lutter contre la mortalité au volant (le nombre de personnes tuées a augmenté alors que le nombre d’accidents a diminué en 2015), le gouvernement ne semble pas tabler sur le mauvais comportement des automobilistes pour justifier l’augmentation de ses revenus liées aux infractions routières. En effet, le projet de loi de finances estime que la vitesse moyenne devrait baisser de 78,5 km/h à 77 km/h en 2017. En revanche, en multipliant les contrôles, il espère responsabiliser les usagers de la route et voir le nombre de victimes sur les routes passer sous la barre des 2 000 personnes en 2020.

Aussi, selon Didier Bollecker, Président de l’Automobile Club Association, “l‘on ne peut pas se satisfaire d’un ‘tout radar’ comme réponse exclusive à cet enjeu qu’est l’insécurité routière. Lutter efficacement et durablement contre les drames de la route suppose aussi de prendre à bras le corps le sujet de la formation continue des conducteurs en s’inspirant d’exemples de nos voisins européens qui fonctionnent ! En Autriche, les formations post-permis ont permis de réduire d’un tiers la mortalité des jeunes conducteurs, en quelques années seulement.

Pour aller plus loin :

www.securite-routiere.gouv.fr

www.performance-publique.budget.gouv.fr

© Firenight – Fotolia.com

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