Les McLaren sont de véritables jouets comme peuvent l’être des Ferrari ou encore, de nos jours, une Porsche 911. La différence avec McLaren c’est que ce constructeur est tout jeune. Au-delà de la Formule 1, la partie McLaren Automotive n’a vu le jour qu’à la fin des années 80. Raison pour laquelle ce constructeur britannique ne semble pas se fixer de limites. C’est le cas du design patronné par le très sympathique Rob Melville. Un grand gaillard qui sait s’entourer de jeunes talents pour réaliser des choses qui semblent parfois impossibles ou improbables.
ORNI – objet roulant non identifiable
C’est ce que l’on peut se dire à la découverte de la McLaren Senna. Elle se définit tout d’abord comme l’un des plus beaux hommages qu’un constructeur puisse faire au champion brésilien. En allant plus dans le détail mais en restant synthétique, la Senna peut aussi se définir comme une 720S très délurée. Pourtant, en dehors de quelques éléments clés, le coup de crayon d’une Senna n’a rien en commun avec une 720S. Imaginez que le moindre élément extérieur ait été dessiné pour servir à l’aérodynamique de la voiture, un peu à la manière d’un proto que l’on mettrait sur la grille de départ des 24 heures du Mans. Le but de tout cela, 800 kg d’appui au sol lancé à une vitesse où un Airbus A320 de 70 tonnes commence à lever le nez pour décoller. Sauf que la Senna peut rouler en ville, sur route, sur circuit, partout en somme.
En fait, elle est presque difficile à décrire. Non seulement, elle ne ressemble à aucune autre supercar et, de surcroît, elle ne répond à aucun code visuel correspondant à une lignée comme c’est le cas chez Porsche, Ferrari ou Lamborghini. Alors pour la plupart des personnes qui auront la chance de croiser une Senna, ils verront son nom sur l’énorme aileron digne d’une F1. Celle de notre essai est particulière, unique même. Son heureux propriétaire, passionné par la marque, aime rouler dans un cocon. L’une des nombreuses particularités de la Senna est d’avoir des portes dont la partie inférieure utilise du verre, le toit également. Lui a préféré du carbone. C’est plus léger, plus beau, plus sportif bien entendu et forcément plus cher, mais ça offre à ce must de l’automobile une dose de personnalisation introuvable ailleurs. Il faut dire qu’il n’en existe que 500 dans le monde. Et puis, il y a la couleur spécifique. Un gris clair et profond que son propriétaire appelle “Liquid Metal” à juste titre. Il y a aussi ce rouge inspiré par McLaren en F1 que l’on trouve sur certains détails à l’avant et sur les roues.
Du travail d’orfèvre qui rend vraiment cette Senna unique face aux 499 autres. Alors visuellement, on peut parler d’Objet Roulant Non Identifiable, du moins pour les non-initiés.
TOUCHER LA FOUDRE
À son bord, une Senna n’est pas une copie d’une autre McLaren. La planche de bord est épurée, les commandes de mode conduite et de climatisation ont été déplacées… dans le ciel de toit, et oui ! On est happé par le siège, soudé à son volant. À l’arrière, le V8 4 litres bi-turbo vient de démarrer. Au ralenti, en mode “préchauffage”, sa sonorité ressemble aux autres McLaren, rauque, imposante, mais pas non plus débordante comme le serait une Italienne : une Anglaise, tout simplement.
Pour les premiers tours de roues, c’est son propriétaire qui a la main. Car il doit me montrer la “notice”. Celle qu’il convient de suivre pour tenter de dompter… la foudre. Cette voiture à vide pèse à peine 1 200 kg sur la balance alors que les roues arrière sont prêtes à lâcher 800 ch et 800 Nm de couple. Et il va falloir se mettre d’accord avec la belle, comprendre son fonctionnement, sans nécessairement aller chercher ses limites et pour cause : en moins de 18 secondes, elle peut afficher 300 km/h. Alors même si on connaît bien cette belle marque britannique, humilité et sagesse doivent être les maîtres mots. Sur le siège passager, je suis incapable de finir une phrase, alors je finis par me taire, c’est mieux. Et surtout je me concentre sur le défilement de cette petite portion de route, fermée pour l’occasion, mais qui me rappelle immédiatement ce que vivent les copilotes de WRC (pour ceux ou celles qui ont eu la chance de se faire balader par un grand pilote). Une fois retourné intérieurement, il est temps de prendre le volant. En 2,8 secondes, j’ai dépassé 100 km/h pour voir le premier virage se jeter littéralement à mon visage. Alors je freine, mais beaucoup trop tôt ! Inspirés directement de la course, les freins arrêtent cette énorme libellule de carbone avec une rapidité déconcertante. Et puis, elle enroule les courbes, joue dans les épingles sans surprendre. Il faut dire qu’à aucun moment de cet essai, c’est une première, j’ai osé aller jusqu’au bout de la course de la pédale de droite, même si l’agilité extraordinaire de cette Senna m’invite à aller plus loin. Et c’est sans doute cela qui anime le cœur de ceux qui choisissent ces exceptions automobiles. Se dépasser, aller chercher la limite sur le Circuit du Castellet par exemple. Et finalement, admirer et respecter un must qui vous en donnera toujours plus… Alors c’est probablement sûr, Monsieur Senna aurait aimé cette McLaren.
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