UN PEU D’HISTOIRE
Dans l’antiquité romaine déjà, on réservait des zones de sécurité aux piétons : des trottoirs surélevés d’un pied et demi par rapport à la chaussée. La différence de niveau empêchait que les chars ne roulent par erreur sur les espaces réservés aux piétons. Pour traverser la rue, les piétons de l’époque romaine disposaient également de passages surélevés qui forçaient, par ailleurs, animaux et voitures à réduire leur vitesse. Tout cela avait disparu au Moyen-Âge. Ce n’est qu’après le grand incendie de Londres en 1666 qu’on a commencé à installer des passerelles pour piétons. À Paris, les rues chics étaient pourvues de trottoirs dès le XVIIIe siècle. Les premiers apparaissent en 1781 rue de l’Odéon. Ils ne seront généralisés qu’en 1845, en même temps que le pavage de nos chaussées. La majeure partie des piétons se déplaçait néanmoins comme auparavant sur l’ensemble de la surface routière et non sur les trottoirs. Cela changea dans le courant des années 1920 avec le développement de la circulation automobile.
UN MODE DE DÉPLACEMENT QUI N’EST PAS SANS RISQUE
En 2015, 11 216 accidents corporels ont impliqué un piéton, soit 19 % de l’ensemble des accidents. 468 piétons ont été tués soit 14 % de la mortalité routière. Deux piétons sur trois sont tués en agglomération, là où la moitié des trajets se fait à pied. Les seniors de plus de 65 ans sont les plus touchés : ils représentent près de la moitié de la mortalité piétonne pour moins d’un quart de la population. Il faut s’attendre à une aggravation de la situation due au vieillissement de la population.
Par ailleurs, les enjeux des pays voisins doivent nous servir d’alerte quant aux évolutions sociétales qui émergent en France. Ainsi, en Allemagne, la mortalité des 65 ans et plus est très forte, due notamment à l’incitation à l’utilisation des transports en commun et de la marche à pieds. Le vieillissement physiologique, propre à chacun, impacte les capacités du conducteur âgé mais également celles du piéton. Avec l’âge, les réflexes et la qualité de l’audition diminuent, le champ de vision rétrécit et l’acuité visuelle faiblit. La mortalité des piétons est à son maximum en automne/hiver (43 % du total annuel sur les mois d’octobre à janvier), la période nocturne durant plus longtemps. Les piétons sont moins visibles pour les autres usagers.
LA RÉGLEMENTATION
Même si les piétons ne passent pas de code, le Code de la route s’applique aux piétons. Dès lors qu’un trottoir ou un accotement permet le passage des piétons, ceux-ci sont dans l’obligation de l’utiliser. Il leur est réservé, seuls les enfants de moins de 8 ans pourront y enfourcher un vélo, à condition de rouler au pas et de ne pas gêner les autres piétons. Pour les plus grands, ils devront quitter leurs selles pour pouvoir pousser leurs bicyclettes sur le trottoir. Le Code de la route organise également la traversée de la chaussée. L’article R412-35 précise que les piétons doivent utiliser les passages prévus à leur intention. Par un décret du 12 novembre 2010, pour peu qu’aucun passage piéton n’existe à moins de 50 mètres, l’usager peut traverser dès lors qu’il manifeste son intention de s’engager sur la chaussée. Cette disposition n’est pas sans poser de problèmes, car une telle intention s’avère bien évidemment très subjective. S’agit-il d’un signe de la main, d’un signe de tête ? Le conducteur qui interprétera mal l’intention exprimée par le piéton, encourra les sanctions prévues pour un refus de priorité : contravention de la 4e classe, suspension du permis de conduire, retrait de 4 points. S’il n’existe pas de passage, le piéton devra traverser selon un axe perpendiculaire à la chaussée (pas de traversée en diagonale) après s’être assuré de pouvoir le faire sans risque, en fonction de la visibilité, de la distance et de la vitesse des véhicules. Si la traversée de la chaussée est réglée par un feu de signalisation, ce n’est que lorsque le feu est vert pour les piétons que ceux-ci pourront s’engager.
LA FIN DU PIÉTON ROI ?
Qui n’a jamais traversé la chaussée alors que le feu “piéton” était au rouge ? Il s’agit bien d’une infraction au Code de la route sanctionnée par une amende du montant prévu pour les contraventions de la première classe soit 4 € (7 € pour l’amende forfaitaire majorée en l’absence de paiement des 4 € dans un délai de 45 jours). On peut sourire vu la somme dérisoire que cela représente, on peut considérer que cette amende est censée sanctionner une faute peu importante, mais cela mérite quand même réflexion. On connaît l’adage “qui vole un œuf, vole un bœuf”, si l’on prend des libertés avec la réglementation, où cela s’arrête-t-il ? Ainsi, en juin 2014, suite à 6 accidents mortels de piétons dans la région de Saint-Étienne où il avait été constaté que ces derniers pouvaient avoir leur part de responsabilité, le procureur a demandé aux forces de l’ordre de verbaliser les piétons coupables de “traversée irrégulière”. Malgré une campagne de prévention lancée dans la ville quelques jours auparavant, en seulement 45 minutes, 186 procès-verbaux ont été administrés. Certains pays voisins sanctionnent sévèrement ces infractions. En Belgique, l’amende s’élève à 55 €, en Suisse à 100 FS (Francs Suisses).
LES NOUVELLES MOBILITÉS
Aux traditionnelles trottinettes, skate et rollers, viennent s’ajouter de nouveaux engins électriques dont les utilisateurs sont considérés comme piétons (gyropode, monocycle, skate électrique, trottinette électrique). Certains modèles pouvant atteindre jusqu’à 40 km/h, on rappellera qu’il ne faut pas dépasser la vitesse de la marche, soit 6 km/h, et il conviendra de s’assurer que la pratique n’est pas interdite par la mairie. Si les infractions sont toujours sanctionnées par des contraventions de la 1re classe, un comporte- ment dangereux mettant délibérément en danger la vie d’autrui expose son auteur à une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende… Avec la transformation de l’espace urbain, les changements dans nos manières de gérer nos déplacements, l’apparition de nouvelles technologies, le partage de la route et l’obligation du respect du Code de la route restent une absolue nécessité.
QUELQUES CONSEILS
- Avant de traverser, attendez sur le trottoir et non sur la chaussée.
- Pour traverser, en l’absence de passage pour piétons, choisissez un endroit dégagé. Évitez de traverser entre deux voitures en stationnement ou près d’un virage.
- Ne faites jamais demi-tour au cours d’une traversée : vous risquez de surprendre les autres usagers.
- Sur le trottoir, attention aux sorties de garage ou de parking.
- Quand le trottoir est encombré privilégiez un itinéraire dégagé, quitte à faire un détour.
- Portez des vêtements de couleurs claires ou munis de bandes de tissu rétro-réfléchissant pour être mieux vu lorsqu’il fait sombre.
- La nuit, gardez à l’esprit que si vous voyez les phares d’une voiture à plusieurs centaines de mètres, le conducteur, lui, ne vous verra qu’au tout dernier moment.
- En cas d’incident sur autoroute, si vous êtes amené à sortir de votre véhicule, enfilez votre gilet de sécurité, sortez du côté droit et mettez-vous à l’abri derrière la glissière de sécurité.
- Dans sa poussette, pensez à attacher systématiquement votre enfant avec son harnais de sécurité et à bloquer la poussette avec le frein lorsque vous vous arrêtez. Rendez-là visible à l’aide de bandes réfléchissantes.
- Initiez vos enfants aux dangers de la route (il faut savoir qu’un enfant de 7 ans met 3 à 4 secondes pour repérer si une voiture est arrêtée ou en mouvement, ce qu’un adulte perçoit en une demi-seconde) et surtout donnez-leur le bon exemple.
- Attention à l’utilisation du téléphone ou du smartphone : 66 % des piétons reconnaissent qu’ils téléphonent ou écoutent de la musique pendant leurs déplacements à pieds. Une association allemande de piétons a, par ailleurs, proposé d’instaurer un système d’amendes.
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