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La vigilance au volant, un facteur à ne pas négliger

Respect du Code, pratique de la conduite suffisant, véhicule en bon état… autant d’éléments de sécurité indispensables dont les effets peuvent être diminués quand le conducteur n’est pas dans les meilleures conditions pour conduire.

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Hors des effets inhérents aux différentes substances alcooliques, stupéfiantes ou médicamenteuses, divers facteurs propres ou non au conducteur peuvent influer sur sa capacité à appréhender son environnement et à réagir promptement et efficacement aux évènements qui se présentent à lui. Le bilan définitif de la sécurité routière pour 2017, établit par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), chiffre à 11 % le nombre de cas dans lesquels les auteurs présumés d’accidents mortels sont concernés par un état d’inattention ou de somnolence.

La vigilance du conducteur peut ainsi être mise à l’épreuve du fait d’éléments tenant aux personnes, au trajet ou au véhicule. Notons qu’il est inutile d’évoquer ici la tenue en main du téléphone ou le port à l’oreille d’un dispositif susceptible d’émettre du son (hors dispositifs destinés aux malentendants) par le conducteur, puisqu’il s’agit là d’activités interdites quoi qu’il en soit…

SE METTRE DANS LES MEILLEURES CONDITIONS

Naturellement cause de baisse d’attention, la fatigue est un premier facteur à surveiller, côté conducteur, tant préventivement que lorsqu’elle survient au volant. Outre le fait de prendre la route, autant que faire se peut, dans le meilleur état de repos possible, on prêtera attention aux signes de fatigue tels que clignements répétés des yeux, bâillements, sensations de raideurs dans le haut du corps… on pensera aussi à aérer suffisamment et ne pas surchauffer l’habitacle du véhicule. L’état de somnolence évité, encore faut-il rester concentré sur sa conduite : même si la chose nous vient naturellement du fait d’une certaine automaticité de la conduite, le moment n’est pas le bon pour s’extraire en pensée de ce que l’on est en train de faire, pour organiser sa journée ou y repenser, pour ressasser ses problèmes.

Les passagers se rappelleront eux aussi que même s’il s’agit d’une tâche courante, la conduite se déroule dans de bien meilleures conditions de sécurité lorsque le conducteur ne voit pas son attention détournée par ce qui se passe dans le véhicule. À éviter donc, chahut des enfants à l’arrière ainsi que discussions trop soutenues et sujets qui fâchent.

Dans le même ordre d’idées, une étude réalisée par l’université de l’Utah (États-Unis) a mis en avant non seulement la perte d’attention liée à l’utilisation de systèmes à commandes vocales, sur smartphone ou intégrés, mais encore l’existence d’un délai de récupération après utilisation pouvant atteindre presque trente secondes avant de retrouver son état d’attention et sa capacité de réaction initiaux.

LES TRAJETS PROPICES À LA BAISSE DE VIGILANCE

Le trajet effectué peut affecter plus particulièrement la vigilance du conducteur lorsqu’il implique une certaine monotonie, soit qu’il se déroule sur un parcours peu changeant – cas classique de la conduite sur autoroute -, soit qu’il s’agisse d’un trajet habituel, que le conducteur connaît par cœur et auquel il ne prête plus attention. Dans les deux cas, au-delà de la “simple” baisse de vigilance, le conducteur peut facilement verser dans un état de conscience modifiée de type hypnotique – exemple du trajet quotidien à l’arrivée ou à un certain moment duquel l’on se rend compte que l’on n’a pas le souvenir des derniers kilomètres parcourus. Cet état ne pose pas de problème tant que le trajet en question ne réserve aucune surprise particulière. Dans le cas contraire le risque est réel d’une réaction trop tardive, voire inadaptée. Éviter les baisses de vigilance liées à ce dernier facteur, qui apparaît indépendamment de la volonté du conducteur, n’est pas forcément simple.

On peut toutefois s’habituer lorsqu’on prend le volant à acter consciemment et expressément, pour soi-même, le passage à l’activité de conduite et le maintien de concentration qu’elle nécessite ; sur les trajets longs, des pauses régulières sont nécessaires de surcroît, quinze minutes toutes les deux heures, l’alternance des conducteurs étant également une bonne idée.

LE PIÈGE DES AIDES À LA CONDUITE

Autre facteur de diminution de l’attention : la multiplication des aides à la conduite, qui déchargent le conducteur d’une part de son rôle actif dans la conduite du véhicule. La transition vers l’autonomie complète des véhicules pose ce problème de l’augmentation des tâches gérées par le véhicule en conditions de circulation peu complexes, abaissant d’autant l’implication du conducteur alors même que celui-ci sera remis à contribution de façon soudaine, voire brusque, d’où ici encore des temps de réaction plus lents, voire des comportements inadaptés, dans une situation exigeant une réponse à la fois précise et rapide. C’est ce qu’a montré notamment une étude récente du Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques (Ci2N) de l’Université de Strasbourg et du CNRS, réalisée sur simulateur de conduite, dans un cas d’utilisation conjointe d’un régulateur de vitesse adaptatif et d’une aide au maintien dans sa voie de circulation. Notamment, une mise en situation de reprise du volant sur autoroute afin d’éviter une zone de travaux, a vu 10 % des sujets venir percuter le véhicule d’intervention. Ainsi, malgré la prise en charge assurée par le véhicule de certaines fonctions, et en attendant l’autonomie totale des véhicules, la semi-autonomie ne doit pas encourager le conducteur à relâcher son attention, car celui-ci reste, pour quelque temps encore, le principal organe de sécurité de son véhicule.

© Kichigin19 – Adobestock

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